Une nouvelle maladie est apparue au cabinet : je l’appelle la maladie du naturopathe. Elle concerne toutes les personnes qui prennent des compléments alimentaires… sans suivi médical.
« Je prends de la vitamine D, du magnésium, des oméga-3… et pourtant, je me sens fatigué. Je ne comprends pas. J’ai lu sur Internet que c’est bon pour ma santé et qu’à mon âge, on doit en prendre. » C’est ce que me disent souvent mes patients quand ils viennent me voir en consultation.
Ils sont certains de veiller sur leur santé en prenant toutes
sortes de compléments alimentaires en automédication… Et pourtant, les analyses
que je réalise sont claires : Les
valeurs biologiques des vitamines et minéraux dépassent de plus en plus les
normes.
Et selon certaines études scientifiques, la surconsommation
de suppléments n’est pas sans risque…
Les vitamines ne sont pas des bonbons
- Une revue systématique de 2014 a montré que
l’efficacité d’une supplémentation à long terme avec du bêta-carotène, de la
vitamine A et de la vitamine E pour prévenir des maladies chroniques n’était pas prouvée. Pire, elle pourrait
même avoir des effets nocifs[1].
- L’absorption tous azimuts de vitamines du groupe
B, peut contribuer à l’inflammation du
foie[2].
- L’excès de sélénium peut entraîner des symptômes
comme la perte de cheveux et d’ongles,
des lésions cutanées, des troubles du système nerveux et même la paralysie et la
mort[3].
- La célèbre vitamine D à des dosages excessifs et
sur de longues durées peut provoquer un déséquilibre
du taux de calcium dans l’organisme[4].
Les exemples ne manquent pas…
Le cas le plus frappant est sans doute celui des vitamines
B, utilisées en complémentation par un grand nombre de Français, notamment
végétariens et végétaliens.
Lisez ceci si vous prenez des vitamines B
Une étude clinique[5], publiée
en 2014 dans la revue World Journal of Diabetes, critique l’emploi
tout azimut des vitamines B dans les aliments et les compléments.
À l’excès, celles-ci peuvent favoriser la prise de poids de
multiples façons. L’augmentation de la consommation des aliments enrichis en
vitamine B1 B2, B3, B5 et B6 est d’ailleurs corrélée avec l’augmentation de
l’obésité, notamment chez les enfants[6].
Comment la vitamine B vous rend obèse
Des scientifiques ont découvert que les vitamines B absorbées
en excès (provenant d’aliments et de boissons enrichis de vitamines) génèrent
de l’oxydation cellulaire[7]
(destruction des cellules) ainsi qu’une résistance à l’insuline. Pour compenser
cette résistance, l’organisme sécrète davantage d’insuline. Cela provoque une
diminution rapide de la glycémie, et déclenche alors l’envie de manger du sucre.
La consommation à long terme d’aliments enrichis en vitamines
B peut donc entraîner une accumulation de graisse dans l’organisme et, par la
suite, l’obésité.
Une autre étude a suivi 77 000 hommes et femmes
américaines de 50 à 76 ans pendant plus de 15 ans. Voici les conclusions :
la prise pendant 10 ans de doses élevées
de vitamines B6 et B12, hors complexes multivitaminés double le risque de
cancer du poumon pour les hommes[8].
C ’est bien la quantité qui compte !
Paracelse (1493-1541) signalait déjà que la toxicité était
une question de dose et que des risques toxicologiques pouvaient survenir au
moment où les doses quotidiennes d’un composé dépassaient une certaine limite.
Ce qu’il faut retenir, c’est que la quantité n’est pas gage
de santé[9] ni de
longévité. Elle doit être pondérée en fonction des situations rencontrées.
C’est ce qu’a par exemple montré le cardiologue américain Dariush Mozaffarian. Son étude,
parue dans le prestigieux Journal of the American Medical Association, montrait
que la courbe-réponse (phase initiale) des oméga-3 atteint un plateau
pour un effet antiarythmique à partir d’une certaine dose, alors qu’elle est
plus graduelle pour des effets sur les triglycérides[10]
(graisse de l’organisme fournisseur d’énergie).
La dose dépend donc de votre problématique individuelle.
Faut-il jeter ses compléments à la poubelle ?
De toute évidence, NON ! Mais attention, il ne faut pas
les prendre à la légère : il s’agit de molécules aux actions
physiologiques importantes. Elles soignent de manière efficace, mais il est
nécessaire d’en maîtriser l’emploi afin que cette efficacité ne se retourne pas
contre vous.
2 conseils pour utiliser des compléments en toute sécurité
Le suivi de la
complémentation : pour les antioxydants, les acides gras (oméga
3-6-9), les vitamines B9 et B12 (surtout pour les vegans), vitamine D, fer
(vegans et femmes avec règles abondantes), zinc, sélénium, il faut doser avant
de consommer et faire un contrôle périodique.
La qualité des
micronutriments : les formes assimilables seront à privilégier. Pour
les acides gras, en cas de nécessité (après dosage), les critères qui devraient
guider votre choix sont les suivants : le taux des différents acides gras
recherchés par gélule, la provenance, la garantie de la pureté (sans métaux
lourds ou autres polluants). À mes patients, je recommande généralement les
compléments du laboratoire nutrixeal pour la qualité de leurs produits.
Les 5 compléments que je recommande (à condition de les prendre correctement)
- À prendre avant l’hiver sans danger
La vitamine C peut se prendre en cure d’un mois deux fois
par an et surtout avant les premiers froids à raison de 1000 mg/jour. Je
conseillerai une vitamine C locale, le sirop d’argousier aura ma préférence[11].
Végans, procédez à un suivi du fer, B12 tous les 6 mois
avant une complémentation continue et sans risque. Les acides gras devront être
suivis avec un bilan annuel. Ne prenez pas des capsules tous les jours sans
suivi biologique, mais consommez tous les jours de l’huile de colza, lin, noix
ou cameline (à conserver au frais).
- La vitamine D est-elle vraiment indispensable ?
La vitamine D est recommandée à tort et à travers pendant
l’hiver. Je soutiens largement cette allégation, mais réalisez un test de
contrôle initial et en cas d’insuffisance (< 75 nmol/l) procédez à un suivi du
taux après trois mois de complémentation. Les organismes ne sont pas semblables
et les absorptions dépendent de nombreux facteurs individuels comme l’âge, le
poids, la santé intestinale et la fonction hépatique et rénale. Pour le maintien
d’un taux optimum de vitamine D, il est préconisé une dose quotidienne comprise
1500 UI et 2000 UI par jour d’Octobre à mars. Une personne substituée devrait recourir à un
contrôle du taux sanguin une fois par an.
- Quel magnésium choisir contre les crampes, le stress et la fatigue ?
Le magnésium est un minéral essentiel. Il intervient dans
plus de 300 réactions biochimiques. Son action principale est de lutter contre
la fatigue et le stress. Il stabilise la personne autant physiquement que
psychologiquement. Deux cures d’un à deux mois par an d’un magnésium citrate ou
carbonate pour les personnes sujettes aux crampes et spasmes, et
bisglycinate/glycérophosphate ou orotate pour les personnes avec fatigue,
stress, baisse de concentration, humeur variable.
- Multivitamines : ceux à éviter absolument… et ceux à privilégier
Il faut bannir les complexes multi dont vous ne comprenez pas la composition et au besoin, aller vers le complexe nutri balance de Cell’innov, les multidyn de Bionutrics adaptés aux tranches d’âge ou encore le daily 3 de SuperSmart.
Bonne santé,
Sylvain Garraud
Article publié en Octobre 2018, révélations santé.
[1] Bjelakovic G., Nikolova D., Gluud C.
Antioxidant supplements and mortality. Curr. Opin. Clin. Nutr. Metab. Care.
2014;17:40–44
[2] Zhou S-S, Zhou Y. Excess
vitamin intake: An unrecognized risk factor for obesity. World Journal
of Diabetes. 2014;5(1):1-13.
[3] Lemire,
M., Philibert, A., Fillion, M., Passos, C.J.S., Guimarães, J.R.D., Barbosa Jr,
F., Mergler, D., 2012. No
evidence of selenosis from a selenium-rich diet in the Brazilian Amazon. Environment
International 40, 128–136.
[4] Alshahrani F, Aljohani N. Vitamin D: Deficiency,
Sufficiency and Toxicity. Nutrients. 2013;5(9):3605-3616.
[5] Zhou S-S, Zhou Y. Excess vitamin intake: An
unrecognized risk factor for obesity. World Journal of Diabetes.
2014;5(1):1-13
[6] Li D, Sun W-P, Zhou Y-M, et al.
Chronic niacin overload may be involved in the increased prevalence of obesity
in US children. World Journal of Gastroenterology : WJG.
2010;16(19):2378-2387.
[7] Henriksen EJ, Diamond-Stanic MK,
Marchionne EM. Oxidative stress and the etiology of insulin resistance and type
2 diabetes. Free Radic Biol Med. 2011;51:993–999.
[8] Theodore M. Brasky, Emily White,
and Chi-Ling Chen. Long-Term,
Supplemental, One-Carbon Metabolism–Related Vitamin B Use in Relation to Lung
Cancer Risk in the Vitamins and Lifestyle (VITAL) Cohort. Journal
of Clinical Oncology 2017 35:30, 3440-3448.
[9] Raubenheimer D, Lee K., Simpson S. Does
Bertrand’s rule apply to macronutrients? Proceedings of the Royal Society B:
Biological Sciences. 2005;272(1579):2429-2434.
[10] Mozaffarian D, Rimm EB. Fish
Intake, Contaminants, and Human HealthEvaluating the Risks and the Benefits. JAMA. 2007 Feb 14;297(6):590.
[11] https://www.sylvain-garraud.ch/2017/10/23/largousier-un-bon-tonique-hivernale/