Le système gastro-intestinal contient une importante quantité de cellules immunitaires.
- Le tissu lymphoïde associé à l’intestin représente près de 70 % de l’ensemble du système immunitaire.
- 80 % environ des plasmocytes, principalement des immunoglobulines A (IgA) résident dans la lamina propria, tissu conjonctif de soutien de la muqueuse intestinale[1] (2).
Les mécanismes immunitaires impliqués dans l’homéostasie immunitaire sont très complexes et appartiennent à la fois à l’immunité innée et à l’immunité adaptative. L’immunité innée fournit une réponse non spécifique, mais extrêmement rapide basée sur la digestion de microbes ou d’antigènes étrangers par des macrophages avant que l’immunité adaptative spécifique, qui a besoin de 7-10 jours pour être efficace, ait lieu. Elle est la première ligne de défense qui limite l’infection dès les premières heures après l’exposition aux micro-organismes : antigènes viraux, bactériens, fongiques, parasitaires …mais la spécificité du système immunitaire de notre tube digestif tient aux relations étroites qu’il a avec les micro-organismes commensaux qui composent notre flore intestinale.
Et pas de bons intestins sans de bonnes bactéries !
Immédiatement après la naissance, nous sommes colonisées tout au long de notre vie par des microorganismes étrangers qui habitent les surfaces les plus exposées (comme la peau, la bouche, l’intestin et le vagin). Au début de l’âge adulte, l’écosystème microbien de notre tractus digestif inférieur est un des plus complexes de la planète, avec plus de 100 billions de bactéries comprenant potentiellement des milliers d’espèces microbiennes [2]. Elles sont ainsi 10 fois plus nombreuses que l’ensemble des cellules de l’organisme [3]. Notre microbiote s’adapte à son environnement et développe une relation unique de mutualisme avec son hôte. Il se développe ainsi un partenariat bénéfique entre les bactéries symbiotiques et le système immunitaire [4]. Son rôle dans l’immunité est déterminant avec un effet barrière à la colonisation par les micro-organismes pathogènes, le développement et la maturation du système immunitaire intestinal et les interactions avec les cellules épithéliales (jonctions serrées, IGA, peptides antimicrobiens)4. Cela prouve toute l’importance de notre microbiome dans le fonctionnement de notre immunité et la nécessité absolue de travailler sa santé intestinale pour optimiser son immunité.
Les probiotiques peuvent nous protéger des infections !
Les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui lorsqu’ils sont administrés en quantité adéquate produisent un effet bénéfique sur la santé de l’hôte[5]. Les effets santé sont de plus en plus documentés : « prévention et traitement des diarrhées, soulagent l’intolérance au lactose et les complications postopératoires, soulage les troubles digestifs et réduisent les symptômes du côlon irritable, présentent des activités antimicrobiennes, agissent sur les MICI (Maladies inflammatoires chroniques intestinales), les maladies auto-immunes et les maladies inflammatoires extra digestives comme la dépression et l’anxiété [6]. Ils agissent sur l’immunité en intervenant sur la modulation des réponses immunitaires. Et enfin, ils jouent aussi un rôle dans les surinfections bactériennes secondaires liées à des primo-infections virales.
Une étude de chercheurs français de mars 2020 publié dans cell reports a décrit le rôle du microbiote dans les infections bactériennes post grippal.
En cas d’infection grippale, deux mécanismes d’action ont été identifiés (qui sont logiquement liés) :
1 : les virus grippaux modifient la composition de notre microbiote à travers la restriction calorique et la diminution de la prise alimentaire consécutive à la maladie. Cela provoque une « dysbiose » temporaire et l’apparition de bactéries pathogènes comme la streptococcus pneumonia, première cause de pneumonie chez l’homme[7].
- En modifiant notre microbiote, nous réduisons notre production d’acide gras à courtes chaînes (AGGC). La diminution de la production de l’acétate augmenterait notre sensibilité aux surinfections pulmonaires par une baisse de l’efficacité des macrophages antibactériens pulmonaires.
Mangez des fruits et légumes, prenez des probiotiques et surtout ne jeûnez pas !
Ils concluent en affirmant qu’augmenter sa consommation de fibres végétales en période d’épidémie (pré-biotique) et suivre un traitement probiotique pourrait contribuer à se protéger des complications infectieuses de la grippe. Les jeunes et autres restrictions caloriques devraient être évités dans l’objectif de préserver son intégrité intestinale[8].
Bonne santé
Sylvain Garraud
Article publié dans le réseau pure santé-Covid 19, le 25/03/2020
[1] Weiner HL. Oral tolerance, an active immunologic process mediated by multiple mechanisms. J Clin Invest. 2000;106:935–7
[2] Round JL, Mazmanian SK. The gut microbiota shapes intestinal immune responses during health and disease. Nat Rev Immunol. 2009;9(5):313-23.
[3] https://www.snfge.org/sites/default/files/SNFGE/Formation/chap-13_fondamentaux-pathologie-digestive_octobre-2014.pdf
[4] Gaboriau-Routhiau V, Cerf-Bensussan N. Microbiote intestinal et développement du système immunitaire. Med Sci (Paris) 2016 ; 32 : 961–967.
[5] FAO/WHO: Health and nutritional properties of probiotics in food including powder milk with live lactic acid bacteria. 2001. fao.org.
[6] Bermudez-Brito M., Plaza-Díaz J., Muñoz-Quezada S., Gómez-Llorente C., Gil A. Probiotic mechanisms of action. Annals of Nutrition and Metabolism. 2012;61(2):160–174. doi: 10.1159/000342079
[7] Souvenons que la grippe des deux derniers hivers a conduit un certain nombre de personnes en hospitalisation pour des pneumonies !
[8] https://www.sciencesetavenir.fr/sante/grippe-des-surinfections-bacteriennes-liees-a-des-perturbations-du-microbiote-intestinal_142169