Le thé est la boisson la plus bue dans le monde[1]. Il est aussi devenu le breuvage superstar des amateurs de bien-être, notamment pour son apport en antioxydants. L’infusion de thé n’en reste pas moins un bouillon d’aluminium qui s’avère jouer un rôle non négligeable dans l’absorption de ce métal toxique.
L’aluminium est un métal naturel, mais…
Une étude de 2012 estime que notre exposition à l’aluminium aurait été de 1 mg par jour en 1950, 30 mg aujourd’hui et sera de 100 mg par jour en 2050[2].
Bien que l’aluminium se trouve naturellement dans la croûte terrestre et que les processus naturels (érosion des sols, altération des roches et activité volcanique) entraînent la libération et la distribution de composés d’aluminium dans l’eau et l’air, l’augmentation de l’exploitation de l’aluminium par l’homme (exploitation minière et processus industriels[3]) entraîne forcément une augmentation de notre exposition à ce métal léger.
L’évaluation sanitaire de l’exposition à l’aluminium porte sur les conséquences après une absorption à long terme avec des effets neurotoxiques et des troubles du développement osseux. Ce serait un facteur favorable à l’apparition des maladies neurodégénératives dont Alzheimer[4].
Deux tasses de thé = une dose supérieure à la norme
En Allemagne, l’Office fédéral de la protection des consommateurs et de la sécurité alimentaire (BVL) a détecté des teneurs en aluminium de 1743, 1775 et 2350 mg par kg de thé dans trois échantillons de thé matcha. Alerté par ces taux, l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR)[5] s’est penché sur la question, s’intéressant principalement à la santé des consommateurs de thé non fermenté. Ils ont basé leur travail sur la dose hebdomadaire tolérable (DHT) d’aluminium déterminée par l’European Food safety authority de 1 mg par kg de poids corporel[6], soit 60 mg par semaine pour un adulte de 60 kg. Les résultats sont inquiétants :
- Le niveau médian de contamination de l’ensemble des thés est de 521 mg/kg avec des valeurs maximales atteintes de 2880 mg/kg.
- Lorsque le thé choisi fait partie des thés les plus contaminés par l’aluminium, les consommateurs moyens de thé (2 tasses/jour) présentent un taux de 105 %, c’est-à-dire au-dessus de la dose maximale de l’EFSA et jusqu’à 290 % pour les 5 % des plus gros consommateurs adultes.
Je vous entends déjà… Et mon thé noir ?
Le thé noir n’est pas épargné avec des teneurs pouvant atteindre 1490 mg/kg selon des sources du BVL.
L’EFSA[7] mentionne une teneur en aluminium dans les infusions de thé noir de 4,2 mg par litre.
Une étude française sur l’alimentation totale corrobore la responsabilité des boissons chaudes dans l’absorption de l’aluminium : le thé et le cacao ont été mesurés à des valeurs de 4,1 mg par kg. Ces boissons interviendraient à hauteur de 13 % des apports de ce métal[8].
Ce « poison » présent partout…
Il n’y a pas que les adeptes du « tea-break » qui sont concernés. La poudre de thé matcha, à l’origine de l’étude, est également ajoutée à d’autres boissons (thé glacé, boissons mélangées, boissons énergétiques) jusqu’à hauteur de 15 % ; à des smoothies jusqu’à 8 % ; à des biscuits, gâteaux et à des céréales pour petit-déjeuner jusqu’à 5 % ; elle est également utilisée dans d’autres aliments[9].
En 2019, le marché des boissons de thé aurait doublé avec un chiffre d’affaires de 399,14 millions d’euros, en pleine croissance[10]. L’argument majeur de cette tendance est le choix des consommateurs vers des boissons authentiques et plus saines…
De même, le E541, un phosphate d’aluminium autorisé en France comme additif dans les gâteaux à étages recouverts de pâte à sucre – ainsi que les autres comportant de l’aluminium – contribuent considérablement aux apports totaux en aluminium[11].
Et ce n’est pas tout car l’aluminium est également ingéré via d’autres sources : les cosmétiques, les produits pharmaceutiques, les produits médicaux et les jouets… Tout cela peut contribuer de manière considérable à l’apport global en aluminium[12].
Dans son avis sur les déodorants contenant de l’aluminium[13], le BfR conclut que la quantité d’aluminium ingérée par le biais des seuls produits cosmétiques se situe probablement dans la fourchette de la DHT de 1 mg par kg de poids corporel par semaine. Il est donc probable qu’une partie de la population utilisatrice de ces types d’antitranspirants, notamment les pierres d’alun, dépasse de plus du double la DHT de 1 mg par kg de poids corporel[14].
Les vaccins avec adjuvant à l’aluminium ont, eux aussi, une concentration élevée d’aluminium (16 g/l), soit quatre fois plus qu’un litre de thé noir[15] ! Bien que nous ne recevions pas une injection quotidienne, il n’en reste pas moins que les vaccins avec aluminium représentent un choc susceptible de déclencher une dysfonction immunitaire et ses implications inflammatoires. Des liens sont possibles avec le déclenchement de l’autisme, les maladies auto-immunes[16] ou encore la myofasciite à macrophages[17]. Sur ce sujet, la discussion ouverte et constructive serait bien plus positive que la bataille des « pour » et des « contre ».
Le risque d’apparition de problèmes de santé dus à l’absorption d’aluminium est donc augmenté par la seule consommation de thé dans le groupe des consommateurs adultes.
Thé vert et aluminium, ou la voie de l’anémie
Le thé vert est bien connu pour ses propriétés antioxydantes avec ses polyphénols et son épigallocatéchine gallate[18], flavonoïde le plus abondant du thé. Malheureusement, la concentration en aluminium serait proportionnelle à celle des catéchines, autres flavonoïdes du thé[19]. Le thé vert et ses catéchines sont aussi reconnus comme des « bloqueurs » de l’absorption de fer.
Ce qui est moins connu, c’est que l’aluminium absorbé par les décoctions de thé vert est associé à un faible statut en fer, une réduction de l’hémoglobine et de l’hématocrite[20], car l’aluminium entre en compétition avec le fer à différents stades du processus de fabrication des globules rouges et de la liaison à la transferrine, protéine à l’origine de la captation du fer[21].
Une solution : de la silice… et du thé local de nos forêts !
Selon le Pr Exley, biologiste titulaire d’un doctorat en écotoxicologie sur l’aluminium, les eaux riches en silice permettraient d’éliminer l’aluminium[22]. Une augmentation de 10 mg/jour de l’apport en silice a été associée à une réduction du risque de démence[23].
Le meilleur moyen de limiter son taux d’exposition à l’aluminium reste de diminuer sa consommation de thé et des produits cosmétiques à base de sels d’aluminium. La planète s’en portera mieux[24] et votre santé aussi.
Je vous propose aussi ma recette de thé vert local avec des rosacées de nos forêts : une part de feuilles de fraisier, une part de feuille de framboisier, une part de feuilles de ronces, à cueillir vous-même autant que possible.
Ces trois plantes sont riches en polyphénols tanniques et en flavonoïdes. Elles auront aussi des vertus antioxydantes et anti-inflammatoires[25]. La cueillette et la marche pour trouver ces trésors sont le meilleur des relaxants et, à la bonne saison, vous pourrez aussi savourer leurs délicieuses baies que nous pourrions qualifier modestement de « super aliments » de nos forêts.
Vous pouvez utiliser les feuilles fraîches (si vous en avez à disposition), mais les feuilles sèches sont très bien aussi. Personnellement, je consomme des plantes fraîches durant toute la saison des fleurs. Versez simplement l’eau bouillante dessus et laissez infuser 5 à 10 minutes pour un goût plus ou moins prononcé.
Cette infusion sera de plus bien utile en cas de maux de gorge du fait de l’astringence des tanins des rosacées.
Vous pouvez aussi ajouter à ce thé de famille local de la feuille de cassis et d’autres simples en fonction des goûts.
Il est aussi possible de fermenter cette préparation : laissez flétrir les feuilles à l’ombre, dans un endroit humide où la température oscille entre 25 et 40°C, en les empilant en couches bien tassées d’une dizaine de centimètres. Au bout de quelques heures, voire d’un jour ou deux, elles auront pris une couleur foncée. Vous pourrez alors les faire sécher à l’air libre dans un endroit sec, en veillant à les séparer les unes des autres[26].
À vos paniers !
Sylvain Garraud
Publié dans révélations santé-bien être de Décembre 2020
[1]. www.encyclo-ecolo.com/Th%C3%A9
[2]. Arnich, Sirot, Riviere, Jean, Noel, Guerin, Leblanc, « Dietary ex-posure to trace elements and health risk assessment in the 2nd French Total Diet Study », Food Chemistry and Toxicology, 2012
[3]. EFSA (European Food Safety Authority): Scientific Panel on Food Additives, Flavourings, Processing Aids and Materials in Contact with Food (AFC)) (2008). Safety of aluminium from dietary intake. Scientific Opinion of the Panel on Food Additives, Flavourings, Processing Aids and Food Contact Materials (AFC). The EFSA Journal, 754: 1-34
[4]. Kawahara, Kato-Negishi, « Link between Aluminum and the Pathogenesis of Alzheimer’s Disease: The Integration of the Aluminum and Amyloid Cascade Hypotheses », Int J Alzheimers Dis., 2011
[5]. https://mobil.bfr.bund.de/cm/349/high-aluminium-levels-in-some-matcha-tea-samples%20.pdf
[6]. Voir note 3
[7]. Voir note 3
[8]. Voir note 2.
[9]. Voir note 6
[10]. www.lsa-conso.fr/la-folle-dynamique-se-poursuit,331281
[11]. www.quechoisir.org/comparatif-additifs-alimentaires-n56877/e541-phosphate-de-sodium-aluminium-p223989/
[12]. www.sante-et-nutrition.com/aluminium-alimentation/
[13]. BfR (Bundesinstitut für Risikobewertung) (2014) Aluminiumhaltige Antitranspirantien tragen zur Aufnahme von Aluminium bei. Stellungnahme Nr. 007/2014 des BfR vom 26. Februar 2014.
[14]. Exley, « Does antiperspirant use increase the risk of aluminium-related disease, including Alzheimer’s disease? », Mol Med Today, 1998
[15]. www.ageofautism.com/2019/09/exley-c-an-aluminium-adjuvant-in-a-vaccine-is-an-acute-exposure-to-aluminium.html
[16]. www.theguardian.com/society/2019/jun/01/professor-who-links-vaccines-to-autism-funded-through-university-portal
[17]. Nau, « Prémices d’une nouvelle donne dans la polémique “vaccins-aluminium” », Rev-med Suisse, 2018
[18]. Prasanth, Sivamaruthi, Chaiyasut, Tencomnao, « A Review of the Role of Green Tea (Camellia sinensis) in Antiphotoaging, Stress Resistance, Neuroprotection, and Autophagy », Nutrients, 2019
[19]. Chen, Tsao, Liu, Lin, Wang, « Aluminium and nutrients induce changes in the profiles of phenolic substances in tea plants (Camellia sinensis CV TTES, No. 12 (TTE)) », J Sci Food Agric., 2011
[20]. Volume occupé par les globules rouges dans le sang par rapport au volume total de sang
[21]. Marouani, Chahed, Hédhili, et al., « Both aluminum and polyphenols in green tea decoction (Camellia sinensis) affect iron status and hematological parameters in rats », Eur J Nutr 46, 2007
[22]. Birchall, Exley, Chappell, et al., « Acute toxicity of aluminium to fish eliminated in silicon-rich acid waters », Nature, 1989
[23]. Rondeau, Jacqmin-Gadda, Commenges, Helmer, Dartigues, « Aluminum and silica in drinking water and the risk of Alzheimer’s disease or cognitive decline: findings from 15-year follow-up of the PAQUID cohort », Am J Epidemiol., 2009
[24]. www.sge-ssn.ch/media/bilan_cologique_des_aliments1.pdf
[25]. Patel, Rojas-Vera, Dacke, « Therapeutic constituents and actions of Rubus species », Curr Med Chem., 2004.
[26]. www.passeportsante.net/fr/Solutions/HerbierMedicinal/Plante.aspx?doc=ronce_hm