L’acide docosahexaénoïque, ou DHA, est un acide gras de la famille des oméga-3 que les adeptes de la nutrition et du bien-être connaissent bien : il est recommandé par tous pour ses nombreux bienfaits santé… mais en des proportions souvent abusives.
Certains vont même jusqu’à conseiller la complémentation systématique ! Alors qu’il ne faudrait le faire qu’après un bilan biologique (pour être sûrs d’en avoir besoin), en veillant à ce qu’elle soit issue de filières écologiques durables.
Outre l’enjeu écologique de cette surconsommation de poissons sauvages et l’empreinte écologique des compléments alimentaires, les changements climatiques risquent de creuser encore les inégalités entre la partie de la population la plus riche, qui peut opter pour une « alimentation santé », et les autres, majoritaires, qui devront se contenter d’une « alimentation survie ».
L’injustice climatique engendrera une injustice nutritive.
Le réchauffement climatique n’est pas l’apanage de la malbouffe. L’alimentation dite saine et vivante est loin d’avoir le qualificatif écologique : amandes de Californie, avocats d’Afrique du sud, déforestation pour le soja et compléments alimentaires des fjords de Norvège pour le DHA. La nutrition santé, si celle-ci n’intègre pas les enjeux environnementaux dans ses conseils et enseignements, n’est plus envisageable.
D’autant qu’il est tout à fait possible de bénéficier des bienfaits des oméga-3 en consommant bio et local, avec : des graines de lin (moulues), des graines de chanvre, des noix de Grenoble, de l’huile de canola, de l’huile de soya, de l’huile de noix, du soja, du tofu, du Perilla ou Shiso, de la roquette, des escargots, des œufs issus de filière bleu-blanc-cœur, de la viande et des fromages d’estive.
Sylvain Garraud, naturopathe
Colombo, S.M., Rodgers, T.F.M., Diamond, M.L. et al. Ambio (2019). https://doi.org/10.1007/s13280-019-01234-6